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SOCIETE | Entretien avec Célia Blauel, adjointe à l’environnement de la Mairie de Paris

 

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« D’ici à 2020, nous devons avoir réduit de 25% les émissions de gaz à effet de serre à Paris »

Crues, vagues de chaleur, pluies abondantes, problèmes d’accès à l’eau... Le changement climatique risque d’avoir des conséquences jusque dans le quotidien des Parisiens d’ici à quelques décennies. Des effets appréhendés par une étude réalisée pour le compte de la Ville. Alors que la France sera à la fin du mois l’hôte de la conférence mondiale sur le climat (COP21) dont l’objectif est de parvenir à un accord « universel et contraignant » pour maintenir une hausse de la température terrestre sous les 2°C à l’horizon 2100, Célia Blauel, adjointe à l’environnement de la Maire de Paris, fait le point sur les politiques publiques mises en place dans la capitale et sur les projets à venir.

Êtes-vous confiante quant à un succès de la COP21 ?

Je suis confiante dans le fait qu’il y aura un accord signé par l’ensemble des parties [ce qui n’avait pas été le cas en 2009 à Copenhague, ndlr]. La question sera ensuite de voir quel sera le contenu de cet accord. Nous aurons des engagements sur la réalisation d’un scénario dont on espère qu’il ne va pas dépasser les 2°C [d’augmentation maximale de la température terrestre d’ici à 2100, ndlr]. Ce qui manquera certainement, ce sont les dispositifs de contrôle de la mise en œuvre des promesses des États. La question sera aussi de savoir comment nous allons résoudre les questions de l’aide financière aux pays du Sud. On sent qu’il y a une dynamique en cours, qui vient du terrain, des collectivités, de la société civile, des entreprises : c’est en train de dépasser le processus COP. Même les Nations unies en sont conscientes et je pense que c’est la dernière fois qu’il y aura une COP États-États.

 

Concernant l’action de la Ville de Paris en matière de lutte contre le changement climatique, quelle est la feuille de route de cette mandature ?

Notre action est guidée par un document fort, qui va d’ailleurs faire l’objet d’une révision l’année prochaine, le plan climat énergie, qui engage la transition écologique de Paris. D’ici à 2020, nous devons avoir diminué de 25% les émissions de gaz à effet de serre, de 25% la consommation d’énergie et développé 25% des énergies renouvelables.

 

Quelles sont les mesures qui sont ou qui vont être mises en œuvre pour parvenir à ces objectifs ?

Le plan climat énergie concentre toutes les politiques publiques de la Ville. Sur ces cinq dernières années, ce sont par exemple 25 000 logements sociaux qui ont été rénovés thermiquement, c’est toute la politique de transport, c’est 30% d’alimentation bio dans les cantines scolaires, c’est 25 000 m2 de panneaux photovoltaïques. À partir du 1er janvier 2016, 100% de l’électricité consommée par la Ville de Paris, donc une facture de 40 millions d’euros, sera de l’électricité verte. Nous allons lancer le plan « 1 000 immeubles », où nous nous attaquerons à la question de la rénovation thermique dans le parc privé, ainsi qu’un plan pour arriver à 50% d’alimentation bio et locale dans les cantines en 2020. Maintenant, il s’agit de voir comment on mobilise l’ensemble de ces acteurs.

 

Est-ce qu’organiser des Jeux olympiques en 2024 est compatible avec ce plan et la lutte contre le réchauffement climatique ?

Il y a eu un vote de l’assemblée parisienne, qui s’est majoritairement prononcée pour les JO. Ce n’était pas forcément mon choix. Aujourd’hui, je le vois comme une opportunité d’accélérer un certain nombre de politiques publiques en faveur du climat et de l’environnement. Je pense notamment à un sujet qui me tient à cœur : la qualité de l’eau de la Seine. Quand je suis arrivée il y a un an, cette question n’intéressait personne. Depuis que la maire de Paris a dit qu’il y aurait une épreuve olympique dans la Seine, que nous pourrons nous y baigner comme on se baigne dans plein de fleuves en Europe, nous allons vers cet objectif.

 

Y a-t-il des discussions sur la possibilité de municipaliser l’énergie, comme cela a été fait pour l’eau ?

L’eau est un bon exemple : en 2008-2010, Bertrand Delanoë, sous l’impulsion d’ailleurs d’un certain nombre d’élus écologistes, reprend la gestion de l’eau aux grandes multinationales Veolia et Suez. À l’époque, il y avait tous les scandales de l’eau. Les entreprises privées faisaient remonter énormément de dividendes à leur maison-mère pour payer des actionnaires au lieu d’investir sur le réseau parisien. En plus, en 25 ans, elles ont fait monter de presque 170% le prix de l’eau. Or, c’est un bien commun et qui ne peut faire l’objet d’une gestion marchande comme n’importe quel autre bien.

En créant Eau de Paris le 1er janvier 2010, dont je suis la présidente depuis un an, la Ville a décidé de récupérer la production et la distribution de l’eau. C’est un nouveau modèle d’entreprise. On ne gère pas seulement des tuyaux, mais une ressource, en disant aux gens de consommer moins pour la préserver. C’est donc une logique complètement différente. À Paris, la moitié de l’eau vient de la Seine et de la Marne. Le débit de la Seine va sans doute baisser de 30% et, concernant les nappes phréatiques, le niveau bas d’aujourd’hui sera le niveau haut dans 50 ans. Nous devons donc nous poser la question de comment mettre en place une politique de protection de la ressource pour que l’accès de tous à l’eau soit toujours garanti à Paris.

 

[...] Lire la suite de cet entretien dans Le 13 du Mois #56

 

 

 

 

 

Publié par Mathilde Azerot  le 09 Novembre 2015
 

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