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DOUBLE DUTCH | La victoire est dans leurs cordes

 

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Entre danse et gymnastique, la version sportive de la corde à sauter fait de plus en plus d’adeptes. Une des équipes françaises les plus prometteuses de double dutch s’entraîne dans le 13e, avec les championnats du monde en ligne de mire.

Les dernières équipes de cadets quittent la scène. Le speaker les salue de quelques mots que la sono rend douloureux pour les oreilles. Les membres du team Illusion, en tee-shirts blancs siglés « France », comprennent tout de même que c’est leur tour. Sous les regards des nombreux spectateurs, ils s’avancent vers le centre de la salle Charpy, prêts à disputer la première épreuve de l’après-midi : la vitesse en simple. Ils sont quatre, dont trois filles. Myriam et Oumou, 16 ans, sont les « tourneuses ». Face à face, elles sont chargées d’imprimer aux deux cordes dont elles tiennent chacune une extrémité le mouvement le plus rapide et régulier possible. Warris, 14 ans, est le « sauteur ». En deux minutes, il doit bondir par-dessus ces cordes un maximum de fois. Sarah, la grande sœur de Myriam, mêmes yeux et mêmes tresses brunes, reste assise sur le côté. Elle sautera plus tard, durant l’épreuve en double. Non loin, Claudine Vigouroux, leur entraîneuse, mère de Warris et présidente du club Génération double dutch, retient son souffle. L’enjeu est important. L’International double dutch championship (IDDC), organisé par la Fédération française ce samedi 22 février au stade Charlety, est « une sorte de bac blanc » pour ses protégés. Face à des équipes venues de toute la France mais aussi de Belgique, d’Allemagne, du Danemark, de Suède, de Hongrie, du Portugal, des États-Unis et d’Afrique, ils jaugent leurs capacités avant la véritable échéance : les championnats de France, qui auront lieu en mai au même endroit. Et s’ils remportent ces derniers, ils iront aux mondiaux, à Orlando, aux États-Unis.

4 000 sauteurs en France

C’est là-bas qu’est né le double dutch, importé par les immigrants hollandais – dutch en anglais – il y a 350 ans. Récupéré par les jeunes du Bronx dans les années 1970, ce jeu de petites filles est devenu un sport, avec ses compétitions et ligues. La France l’a découvert au début des années 1980, en même temps que la culture hip-hop. Certains clubs, surtout en région parisienne, font partie des meilleurs mondiaux. C’est un sport « complet », qui fait travailler la force, l’endurance et la souplesse. Facile à pratiquer, il a de plus en plus d’adeptes. La fédération nationale en recense 4 000, et compte bien profiter de la réforme des rythmes scolaires pour l’introduire dans les écoles.

Justement, c’est dans leurs écoles du 13e que les filles d’Illusion s’y sont initiées. Warris a imité sa mère, championne et pionnière de la discipline. Tous ont rejoint le club quand il a ouvert ses portes, en 2008, et s’entraînent chaque vendredi et samedi au complexe sportif Dunois. Formée il y a trois ans, l’équipe a travaillé dur sous la houlette énergique de Claudine. « Je suis un peu rude mais c’est pour leur bien. Je crie pour les pousser vers le haut », justifie-t-elle. La méthode fonctionne bien. Selon Sarah, interrogée la semaine précédant la compétition, le quatuor a « les capacités pour faire quelque chose ».

330 bonds en deux minutes

Top chrono. Les cordes commencent à onduler. Warris entre dans le tourbillon. Concentré, les coudes le long du corps, il passe d’un pied sur l’autre, piétine le sol avec légèreté. L’équipe atteint rapidement sa vitesse de croisière. Le nylon fend l’air en sifflant. Son mouvement devient presque invisible. Les genoux pliés, Myriam regarde alternativement Warris et Oumou. La synchronisation doit être parfaite pour que le sauteur ne se prenne pas les pieds dans les cordes. « Tourner, c’est ce qu’il y a de plus dur, assure Claudine Vigouroux. Le tourneur est un copilote. Il doit parler à ses partenaires. C’est un sport d’équipe. Il ne faut pas être égoïste. » Sarah est sur la même longueur d’ondes. « On est comme une famille, on doit être soudé et laisser nos problèmes aux vestiaires. »

Une minute est passée. Warris continue à piétiner. Sa mâchoire se crispe et ses mouvements se font plus raides. L’équipe n’a pour l’instant pas fait d’« arrêt », synonyme de corde qui tombe, de pénalité et de perte de temps. L’arbitre clique sur son petit compteur. Le nombre de double-pas s’affiche sur un écran. Celui des Illusion grimpe vite. Le public commence à s’agiter. Claudine et Sarah encouragent Warris, qui faiblit... Stop ! Les deux minutes sont écoulées. Score : 330. Le meilleur de la catégorie. Les spectateurs applaudissent. Les équipiers sautent de joie. « Ils ont géré », rayonne l’entraîneuse, pendant que le speaker annonce l’entrée des équipes sénior.

Lire la suite dans le 13 du Mois #38

Publié par Jérôme Hoff  le 05 Mars 2014
 

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