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13 septembre - 13 octobre 2013 - no32

Edito #32

BÉTONNER SA RENTRÉE

 

Contrairement à notre précédent numéro - « Le 13e dans 30 ans », avec ses fantasmes d’arbres sur le périphérique et de potagers sur les toits...-, pas de coin de verdure dans ces pages (allégorie inconsciente de l’automne qui succède à l’été, de la rentrée qui suit les vacances ? Allez savoir). Au sommet de nos immeubles, des antennes relais plutôt, qui se propagent discrètement sans l’aval des locataires. Certains, réunis en collectifs, se sont d’ailleurs mis en tête de les traquer. Au pied de ces immeubles, d’autres piquets. D’autres pro- blèmes, aussi. Dans notre reportage, nous nous sommes approchés de ces jeunes sans emploi qui ont passé l’été sur la dalle des Olympiades, tuant le temps, chassant... pas grand-chose. Les portes de sortie sont difficiles à trouver, dans ce décor cimenté, plaine décolorée malgré l’éclat du ciel du mois d’août. Peut-être est-ce l’une des raisons pour lesquelles les peintres urbains ont toujours maquillé les murs de Paris, et l’arrondissement n’est pas en reste. Le street art, pratique indomptée caractéristique depuis longtemps des Frigos ou de la Butte- aux-Cailles, s’étale en grand format depuis que la municipalité offre des pots de peinture et des supports hauts de dix étages et à des artistes mondialement connus. Ici ou là, un brin de couleur ne fait pas de mal.

Celle de notre dossier est mi-noire mi-rouge foncé. Sombre, en tout cas. De part et d’autre du terrain politique, des groupuscules qui en font peu, et dont on parle beaucoup. La mort, en juin, du jeune Clément Méric, a conduit à la dissolution de l’Œuvre française, organisation ultranationaliste qui tenait sa permanence en plein quartier chinois. Elle a également fait battre le pavé aux antifascistes, retranchés le plus souvent derrière leur ordinateur, occupés à traquer le moindre clic des fascistes. La guerre des extrêmes ne se joue plus à coups de batte de base ball dans les rues de Paris, comme dans les années 80. Les chasseurs d’alors racontent ici qu’ils ont nettoyé Paris de ses skinheads. Mais la Manif pour tous a par exemple montré que les nationalistes, catholiques intégristes et autre néo-nazis étaient toujours là, consolidés, comme le béton. Chassons, pour notre part, les mauvaises idées. La rentrée, c’est un nouveau départ. Un départ tout court pour Anouk, deux mois déjà, dernière-née du 13 du Mois.

Publié par Virginie Tauzin  le 12 Septembre 2013

Extrait - La visionneuse

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