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13 mars - 13 avril 2012 - no16

L'édito #16

Aux origines du petit commerce alimentaire, il y a Franprix. Cette enseigne typiquement parisienne a été créée en 1958. Elle a peu a peu remplacé les épiceries, alors seules sources d'alimentation de proximité, d'abord dans les quartiers aisés de Paris puis de la région Île-de-France, avec l'intention de capter cette clientèle urbaine au panier d'achat élevé. Depuis, chaque coin de rue a son Franprix et ce n'est qu'en 2004 que l'enseigne commence à s'aventurer hors de la région parisienne. À la fin des années 1990, Casino ne détenait que 5% des surfaces de vente sur le format des supermarchés, avec seulement dix magasins.

C'est l'époque où l’enseigne parvient a acquérir Franprix et devient du même coup le premier groupe de la capitale dans le segment des petites et moyennes surfaces. Avec 316 magasins sur 375, Franprix constitue en effet le gros du contingent de supermarchés de Casino. Une belle opération pour le géant de la distribution qui lui a permis de compléter son dispositif et de ne laisser que peu de place à la concurrence. Casino est en effet présent partout, sous des enseignes diverses. Dans le 13e, il détient d'ailleurs deux hypermarchés parmi les trois qui s'y trouvent - une concentration de très grandes sur- faces exceptionnelle à Paris, fort dépourvue en la matière. Inquiet de l'effet de ce quasi-monopole sur les prix à la consommation, la Ville de Paris a saisi l'Autorité de la concurrence. Le rapport qu'elle vient de remettre, bien argumenté, est très sévère à l'endroit du groupe. Mais, dépourvue de pouvoir de contrôle, la municipalité en est réduite à espérer une loi qui contraigne le groupe à céder une partie de ses actifs à la concurrence. Ce faisant, Casino poursuit son offensive sans sourciller. Dans l'actualité récente, il y a ce conflit judiciaire qui l'oppose aux Galeries Lafayette pour le contrôle de Monoprix, une autre référence parisienne de l'alimentation. Casino souhaiterait contrôler en totalité l'enseigne de « magasins populaires » détenue à parité par les deux groupes. Or, les Galeries Lafayette ne céderaient leurs parts que pour 1,35 milliard d'euros quand Casino leur propose moitié moins. Une surenchère qui met en lumière l'importance stratégique du tissu commerçant parisien. Les Galeries Lafayette l'ont bien compris : céder Monoprix à Casino reviendrait à renforcer sa position dominante. Et c'est un privilège qui vaut de l'or.

Publié par La rédaction  le 09 Avril 2012

Extrait - La visionneuse

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