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DOSSIER | Sindé Doucouré, Superwoman en boubou

 

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L’association AFAF 13 œuvre, entre autres, pour l’intégration des femmes africaines à Paris. Rencontre avec sa présidente et co-fondatrice, la très occupée Sindé Doucouré.

Elle ne s’arrête jamais. Cet après-midi là, Sindé Doucouré a trouvé un créneau à nous accorder après sa « première journée » comme elle l’appelle, au cours de laquelle elle travaille comme agent de service, dès 7 heures du matin, dans une école publique du 4e arrondissement. À partir de 16 heures, voilà sa deuxième journée qui commence, consacrée à sa vie associative, trépidante et effrénée. Sindé nous reçoit chez elle, vêtue d’un habit traditionnel malien bleu à petits motifs – son costume de super-héroïne à elle – dans son appartement du 12e. Mais, elle l’avoue, « [sa] tête reste dans le 13e arrondissement, ayant vécu près de 20 ans dans le quartier ». C’est d’ailleurs dans le 13e que se situe le siège social de l’association franco-africaine des femmes parisiennes (AFAF 13), créée en 2002 et dont elle est aujourd’hui la présidente. Et si son engagement associatif lui demande autant d’énergie, si à presque cinquante ans, cette mère de huit enfants ne se sépare jamais de ce téléphone qui vibre en permanence, c’est qu’il y a fort à faire : AFAF 13 œuvre pour l’intégration et l’indépendance des femmes, mais pas que.

L’incendie du boulevard Auriol, un moment décisif

D’abord créée pour permettre à ceux qui le souhaitent de se retrouver à l’occasion de la fête de l’Aïd, l’association prend rapidement une tournure sociale, sous l’influence de Sindé : « Dans l’école où je travaille, je croise beaucoup d’enfants à problèmes, de familles où les non-dits créent des situations impossibles. Il fallait que je trouve des solutions », assure-t-elle. AFAF 13 a donc « pour vocation de tisser un réel partenariat avec les institutions françaises » dans les domaines culturels, administratifs et éducatifs.

En 2011, la dizaine de bénévoles gagne en notoriété. AFAF 13 devient Association franco africaine des femmes parisiennes, « parce qu’on y vient de toute l’île-de-France et plus seulement du 13e ». L’incendie du boulevard Vincent-Auriol, qui en août 2005 provoque la mort de 17 personnes dont 14 enfants, est un moment décisif. « Après ce drame, nous avons travaillé avec les services sociaux et sommes devenus des interlocuteurs légitimes auprès des familles ». Depuis, AFAF 13 est membre de la CLEF, le lobby européen des femmes. « Nous avons représenté la France à un colloque de Bruxelles, il y a quelques années », explique Sindé, si fière aujourd’hui du chemin parcouru.

Chez AFAF 13, on veille d’abord sur les victimes de violences conjugales. Au terme de longues années de collaboration, le commissariat du 13e sait qu’il peut compter sur Sindé : « Les policiers ont régulièrement besoin de moi pour rassurer la personne et pour lui faire la traduction. » Nouvelle casquette pour cette super-héroïne du quotidien, Sindé joue aussi les interprètes au tribunal. « Le tout, c’est de mettre ces femmes en confiance. La plupart d’entre elles viennent d’arriver en France, elles ne connaissant pas leurs droits, elles sont veuves souvent, et démunies tout le temps. Résultat : elles croient tout ce qu’on leur dit par le bouche-à-oreille. Mais le droit et la justice, ce n’est pas ça. La France est un pays de droits, il faut savoir à quoi on peut prétendre. » Et la présidente multifonction d’ajouter : « Beaucoup, quand on leur explique les démarches administratives, disent “oui, oui’”, mais ne comprennent pas tout. Moi je leur explique à la fois en Français et dans leur langue. »

 

[...] La suite dans Le 13 du Mois # 51

Publié par Anaïs Condomines  le 06 Mai 2015
 

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