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DOSSIER | Vitry(ne) du street art

 

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Le street art est partout : 13e, Paris et proche banlieue. Mais depuis 2009, c’est à Vitry-sur-Seine qu’il prospère tout particulièrement. Boostée par la présence de Christian Guémy, alias C215, la ville est devenue une vitrine incontournable de ce mouvement urbain, au même titre que les grandes métropoles internationales.

Dans le centre de Vitry, impossible de les rater : fresques réalisées à la bombe, parfois monumentales, pochoirs plus discrets, collages, mosaïques et lettrages multicolores ornent les murs, les armoires électriques, les boîtes aux lettres. Pas de besoin de plan, il suffit de flâner pour apprécier la diversité des pratiques et découvrir le travail d’artistes dont certains jouissent d’une belle renommée mondiale.

C’est le cas de A1One, premier Iranien estampillé street-artiste, aujourd’hui exilé en Allemagne et dont les lettrages arabisants sont reconnaissables au premier coup d’œil. C’est le cas aussi du Belge Roa, célèbre pour ses fresques animalières géantes et dont le héron surplombe la place du marché.  « Ici, le local côtoie l’international grâce à Christian Guémy qui fait venir les artistes qu’il connaît lorsqu’ils sont de passage à Paris », explique Jean-Philippe Trigla, passionné de street art et membre de l’association Vitry N’urbaine (1). Pour lui, aucun doute : « C215 a contribué à l’explosion et à la reconnaissance du mouvement à Vitry en participant notamment à la création des “Vitry Jam” qui consistaient, tous les six mois, à investir avec d’autres artistes un quartier de la ville et à y réaliser des œuvres. Mais il est en revanche injuste de dire qu’il n’existait rien avant son arrivée. » C’est dit aussi.

 

GRAFF ET STREET ART COHABITENT

Vitry étant l’un des bastions franciliens de la culture hip-hop, le graff y régnait en maître jusqu’en 2009. Ce courant est notamment porté par Brok, Vitriot pur jus qui pratique le graffiti classique depuis plus de vingt ans et réalise fresques, toiles et décors pour la télévision et le cinéma. Lui-même ne se définit pas comme street-artiste. Pour Emmanuel Posnic, directeur adjoint en charge de l'action culturelle à Vitry, « Brok a vraiment un ancrage dans la ville qui se traduit par un travail avec les habitants et les quartiers, contrairement aux street-artistes qui ont une pratique individuelle qui ne se veut pas forcément interactive. » Pas de querelles cependant. Aujourd’hui, graff et street art cohabitent : « Un artiste ne vient pas recouvrir l’œuvre d’un autre, même si ça peut arriver. Certains tagueurs en revanche ont tendance à y apposer leur signature», s’agace tout de même Jean-Philippe Trigla.

 

DE LA TATE MODERN DE LONDRES À VITRY-SUR-SEINE

La mairie, de son côté, se montre bienveillante et laisse la création s’exprimer. Et si elle ne met pas de lieux à disposition, elle a quand même passé deux commandes en 2010 : « Au moment de la restructuration du passage Joliot-Curie, nous avons fait appel à C215 qui a réalisé un oiseau en plein vol. Une deuxième commande s’en est suivie en partenariat, cette fois, avec le conseil régional et à l’occasion de l’année du Brésil. Le pays étant à la pointe dans l’art urbain, c’est l’artiste brésilien Nunca qui a été choisi pour un mur s’étendant sur plus de vingt mètres », raconte Emmanuel Posnic qui rappelle que Nunca fait partie des street-artistes reconnus par le monde de l’art contemporain et exposé par la prestigieuse Tate Modern à Londres. La commune reconnaît l’attrait que représentent l’art de rue et le tourisme photographique qui va avec. Pour les esthètes de la chose, Vitry est une place forte de l’art urbain, au même titre que Londres, Berlin ou New-York.

 

La suite de ce reportage dans Le 13 du Mois # 45

 

Publié par Laurence Gonthier  le 12 Novembre 2014
 

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