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DOSSIER | Quand les logements sociaux deviennent un fardeau

 

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La Poste, qui possédait plusieurs appartements avenue de Choisy, vient de les revendre à sa filiale HLM Toit et Joie. Conséquence pour les locataires : une augmentation de loyer allant de 30 à 50%. Une course au « label social » que certains voient comme génératrice d'inégalités. Pour ces salariés de La Poste, la pilule a en tout cas du mal à passer.

Depuis quinze ans, Christian paye un loyer de moins de 600 euros pour 73 m². Début février, celui-ci est passé à 800 euros, soit une augmentation de 30% qu'il a bien du mal à digérer. Au 22 de l'avenue de Choisy, ils sont treize locataires à être dans ce cas. Ces salariés, ou ex-salariés de La Poste, ont obtenu ces appartements de fonction lorsqu'ils sont venus travailler à Paris. En contrepartie de baux précaires d'un an en moyenne, ils bénéficiaient de loyers avantageux, mais pouvaient être amenés à quitter le logement à tout moment, en cas de départ à la retraite, par exemple.

« Une expulsion déguisée »

En 2012, la Poste revend ses appartements à sa filiale HLM Toit et Joie. Pour Michel Lannez, secrétaire départemental de la CGT des services postaux de Paris, « c'est un choix stratégique pour pouvoir bénéficier du label social ». Conséquence immédiate, qui ne correspond pas vraiment à l'idée que l'on se fait des logements sociaux : une augmentation de loyer de 30 à 50% pour ces locataires qui, du coup, se sentent floués. « La Poste avait promis le maintien dans les lieux pour tout le monde après la vente, mais il y a des familles monoparentales qui ne pourront pas payer le loyer », dénonce Sonia, l'une des locataires, qui vit seule avec son fils. Pour elle, il n'y a pas de doute, cette opération représente une « expulsion déguisée ». À côté d'elle, Christian, des prêts sur le dos et deux enfants à charge, se demande également comment il va s'en sortir : « Ils ont soi-disant fait une enquête sociale en consultant nos avis d'imposition, mais ils n'ont pas tenu compte des ressources de chacun », fustige-t-il.

« Manque de concertation », « sentiment de mépris » et « conventionnement fait à toute vitesse ». Les locataires de l'avenue de Choisy ont décidément du mal à digérer la gestion de leur dossier par la filiale de La Poste. Pour Yves, retraité qui vit seul avec sa femme, cette opération a été bâclée à tous les niveaux « pour faire de l'argent ». Y compris au niveau des travaux d'ajustement, à propos desquels les locataires disent avoir été prévenus quatre jours à l'avance. « Ils ont été faits au rabais, j'ai déjà une fuite de robinet », décrit Sonia.

Du côté de Toit et Joie, Philippe Alizard, directeur de la gestion locative, estime qu'il n'y avait pas d'autre choix. La convention “PLUS” (Prêt locatif à usage social), qui a été signée entre le bailleur social et l'État, était la plus appropriée. Celle-ci représente la catégorie classique de logement social, qui s'adresse aux plafonds de ressources médians : « Le “PLA I” [Prêt locatif aidé d'intégration, destiné aux ménages les plus modestes, ndlr] aurait été un dépassement de revenus pour certains », explique le représentant de l'organisme HLM. Pour lui, « les enquêtes sociales ne montrent pas de situations délicates, sauf une ou deux, mais elles seront traitées par la Caisse d'allocations familiales avec les Aides personnalisées au logement ».

[...]La suite dans Le 13 du Mois #29

Publié par Rozenn Le Carboulec  le 07 Mai 2013
 

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