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DOSSIER | La dépendance, ça rapporte

 

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Selon l’Insee, deux millions de Français auront passé le cap des 85 ans en 2015 et 1,5 million seront dépendants en 2040. Une réalité démographique qui profite déjà aux groupes cotés en bourse, les seuls à pouvoir racheter et bâtir des structures.

 

Quand il se rend, une fois par an, à une réunion du Syndicat national des établissements et résidences privées pour personnes âgées, Patrice Duhem se voit souvent rétorquer un sceptique : « Trente-et-un résidents ? Et vous êtes viable ? » Directeur d’une petite maison de retraite indépendante à la lisière du 13e, il est l’un des derniers rescapés parisiens d’une campagne féroce de rachat de ces structures autogérées par les leaders privés du secteur, menée depuis une quinzaine d’années. « Il n’y a pas si longtemps, je recevais quatre à cinq propositions par semaine », se souvient-il.

Les Orpea, DVD, Korian et autres Medica prolifèrent en France et dans toute l’Europe, absorbant les plus petites au passage. « Les indépendantes sont leurs cibles car elles sont déjà équipées et coûtent moins cher que l’achat de bâtisses à aménager », juge Patrice Duhem. Ce qui ne les empêche pas de se lancer également dans la construction, notamment, à Paris, dans les 18e, 19e et 20e arrondissements.


Le privé, une garantie de qualité ?

Face au défi majeur de l’accroissement du nombre des personnes âgées, seul le secteur privé à but lucratif est capable d’élargir son offre médicalisée, en proposant chaque année plus de chambres. En février, Orpea a par exemple indiqué dans un communiqué ouvrir 2 000 nouveaux lits cette année, soit une vingtaine d’Ehpad et a ajouté disposer d’un « réservoir de croissance de 8 000 lits en construction et en restructuration ». Rien que ça.

Pour Laurent Arama, président de l’organisme Retraite Plus, chargé de trouver pour les personnes dépendantes une maison de retraite adaptée, cette tendance ne représente pas pour autant une dérive, bien au contraire : « Depuis 2002, tous les établissements doivent répondre à des normes bien précises. Beaucoup d’indépendants ont préféré vendre car ils n’avaient pas les moyens de se lancer dans des travaux très coûteux. Une maison de retraite qui appartient à un grand groupe est donc une garantie de bonne qualité. » Selon cet observateur, les leaders du marché ont, d’autre part, une image de marque à conserver. « À partir du moment où c’est du commercial, indépendants ou non, les Ehpad sont de toute façon dans cette problématique-là », poursuit-il.

 

[...]La suite dans Le 13 du Mois #27 - À lire également en marge de cet article : "Acheter une chambre médicalisée, un investissement béton".

Publié par Virginie Tauzin  le 11 Mars 2013
 

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